Vendredi 28 janvier 2011. Un vent venu d’ailleurs agresse la Place de l’Alma. Il est 19H30 quand j’arrive devant les portes du Théâtre des Champs Elysées. Il fait tout juste 0° et je constate que les amoureux du « show-biz classique » ont préféré le home cinéma. Mon ami Luc m’a expliqué que Stéphane Degout était l’un des quatre grands barytons français et qu’il donnait là son premier récital parisien. Oui, je me souviens de lui dans « La Ville morte » de Korngold, à Bastille et comme je suis encore attachée aux vrais CD, j’achète le Requiem allemand de Brahms et ces Mélodies françaises qu’il doit chanter ce soir. Depuis samedi matin tout mon appartement est imprégné des musiques de Debussy, Ravel…mais aussi des poèmes de Villon, Verlaine…J’écoute, je regarde, je respire…je caresse la voix… Oui, Stéphane – pardon de vous appeler ainsi mais, j’appelle toujours par leur prénom, ceux qui m’envoient des fleurs ou me donnent de grandes joies – oui, j’ai eu un peu honte de ce public parisien. Je redoute ceux qui louent six mois à l’avance mais qui, le soir du concert, arrivent déjà déçus par les critiques de Londres ou de Berlin…et qui se consolent en buvant des coupes des champagne, le foulard en cachemire autour du cou, le jean effondré sur les Convers. Vendredi soir il y avait tous ceux qui voulaient vous découvrir, vous tout seul, enfin, retrouver le parfum des mélodies françaises…et regarder avec admiration le beau trentenaire que vous êtes. Les applaudissements, qui vous ont obligé à de nombreux rappels – comme Poulenc aurait été heureux de vous entendre et de vous voir mimer ce bestiaire dont il était si fier – prouvent que je ne suis pas la seule à vous remettre la Palme d’Or de la Mélodie française. Je vous confirme que je vous écoute et que ma joie reste constante. Je retrouve Ravel, Chabrier, Hahn…et les autres, Verlaine, Sully Prudhomme…Comme notre langue française est belle mais vendredi soir, avec vous, nous avons retrouvé les moindres soupirs de tous ces poètes qui ont inspiré nos plus grands musiciens. Je pense qu’un artiste comme vous peut nous aider à relever la tête. Notre patrimoine est si riche qu’on lui consacre deux jours. J’aime la musique, toutes les musiques, aussi est-il important que l’on dise à nos jeunes que les musiciens français sont aimés dans le monde entier et que nos poètes sont traduits dans toutes les langues. Merci Stéphane d’avoir redonné aux Mélodies françaises la place qui est la leur…et cette audace-là vaut bien une Médaille d’Or. N’oubliez pas de la prêter à votre merveilleuse pianiste, Hélène Lucas. Elle fera bon effet sur son chemisier noir. Je réserve pour votre prochain récital.
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1 commentaire
Tu m’emmèneras avec toi….tu as bien de la chance d’avoir l’occasion d’éprouver des émerveillements, mais tu le mérites, braver vent et froid, il fallait le faire….
tu nous manques
B et D