Rifka et Ferdinand qui aimaient tant la France… |
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Depuis quelques jours un jeune malien musulman se promène, dans Paris, avec une vraie carte d’identité. Il a sauvé des Français juifs en les protégeant de la folie meurtrière d’un Français musulman. Je voudrais qu’il sache combien je suis fière de lui. Mes grands-parents, fuyant les pogroms polonais, se sont installés, fin 1910, aux Lilas, dans la banlieue est de Paris. Ils n’ont jamais obtenu la nationalité française et jusqu’à sa mort, ma grand-mère, allait deux fois par an à la Préfecture de police faire valider sa carte d’apatride. Elle se savait ni lire ni écrire mais elle aimait tout de la France…le métro, les autobus, le cinéma de la rue de Paris, le pain frais, le camembert, le café…Oui, elle aimait tout de ce pays qui n’était pas le sien mais où elle se sentait bien et respectée. Pendant la guerre, alors qu’elle se cachait dans la Nièvre, la voisine du 2ème étage avait volé son linge et quelques vêtements…qu’importe. Elle en avait souri, tant elle était heureuse d’avoir retrouvé cet appartement où survivaient ses souvenirs d’avant 1941. Tous les évènements de ces derniers jours m’ont précipitée dans mon enfance : la ferme et les animaux, le retour à Paris, les deuils, le manque d’argent, les moqueries des enfants à l’école, des enfants qui savaient lire et écrire, n’avaient pas perdu leurs proches et n’avaient pas porté l’étoile jaune. J’ai grandi sans m’intéresser à la religion, pas plus la mienne que celle des autres. Quand la guerre d’Algérie nous a mobilisés, nous ne pensions même pas que les Algériens étaient musulmans. Suis-je restée indifférente trop longtemps ? Aujourd’hui j’apprends que certains petits français musulmans sont prêts, à tout instant, à « casser du Juif » et considèrent que ceux qui les tuent sont des héros. Et tout cela dans ma France que j’aime, celle de Péguy, de Popeck ou de Kad Merad…des écrivains, des comédiens, des peintres…chrétiens, juifs, musulmans… je n’ai jamais orienté mes appréciations. J’aime la France. J’ai découvert Pergolèse dans un couvent du Jura. J’ai appris à aimer les vraies familles en fêtant la fin du ramadan. J’ai compris que mon judaïsme m’avait donné le goût de m’intéresser à tout. J’aime les vitraux, le couscous, la musique ashkénaze, les buts de Zidane et les essais des joueurs brivois… J’aime la France parce que ses écoles sont ouvertes à tous. J’aime la France qui réserve à tous les siens une petite place dans ses cimetières. J’aime la France qui pleure et celle qui rit. J’aime la France qui a su donner aux Juifs de Pologne une dignité qui leur était refusée. J’aime la France consciente de ses faiblesses et c’est bien pour cela que nous devons tous retrousser nos manches.
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