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J’ai commencé, adolescente, à aimer les livres dès que j’ai compris qu’eux seuls me permettraient de m’isoler, de rêver, de voyager, d’aimer… En 1945, j’ai trouvé chez ma grand-mère un énorme livre relié, qui avait été un prix d’honneur pour mon oncle et je l’ai feuilleté pendant des semaines, jusqu’à ce que je sache enfin lire. Personne n’a probablement aimé Pierre Loti autant que nous deux qui avions fini par savoir par cœur, « Han d’Islande » ou « Mon frère Yves ». Ce gros livre est là, dans ma bibliothèque, et il faudra que quelqu’un accepte d’en prendre soin. Aujourd’hui encore ma passion des livres ne semble pas avoir souffert du temps. J’ai besoin d’entrer dans toutes les librairies, de respirer l’odeur du papier, de toucher, d’acheter et de les voir s’empiler, un peu partout, dans mon appartement. Pour des raisons de place ou de déménagement, j’en ai vendu, j’en ai donné à des bibliothèques ou à des dingues dans mon genre…et je continue…Mais ceux qui restent font partie de ma vie, de mes souvenirs…Vercors, Pessoa, Hugo, Stendhal, Aragon, Racine, Primo Levi, Anatole France… et tant d’autres d’hier, d’aujourd’hui et de tous les coins du monde. Mes deux amies libraires, Maïté et Nathalie veillent à ce que je ne sois jamais en manque et moi, j’ai besoin de parler de tout ce que j’aime. Je n’éprouve pas le besoin de critiquer mais celui de partager, d’offrir à mes amis mes découvertes littéraires et de vivre intensément des histoires qui sont une sorte d’enrichissement spirituel.
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