La Grèce coule…et les pays les plus solides de la zone euro regardent…Les ouvriers des usines Mercédès vont participer aux gros bénéfices de la firme. Les ouvriers français se disent que si Coluche avait été élu il aurait sûrement protégé les usines de lingerie fine. Les Italiens admettent que pour la mafia l’euro c’est aussi bien que le dollar. La Grèce coule et personne n’a le droit de se montrer indifférent. Athènes brûle mais il y a ceux qui pleurent et ceux qui se planquent : les banquiers, les hommes politiques, les grands patrons… Athènes brûle. On baisse les salaires mais on augmente tous les prix alors que, nous ici, nous grognons parce que l’essence a pris quelques centimes. Athènes brûle et nos poubelles regorgent de denrées alimentaires à peine entamées. Athènes brûle et les vacances d’hiver sont à la Une. Comment pouvons-nous accepter l’effondrement d’un tel pays, ce pays où nous puisons encore une grande partie de notre culture ? J’ai cru que l’idée européenne était le meilleur soutien de la paix. Mais je voulais une Europe réduite à des pays unis par leur passé, et une Europe élargie à des pays décidés à échanger et à partager. J’ai longtemps boudé l’Angleterre et sa Livre jamais adaptée à notre euro… Athènes brûle et les Grecs refusent la misère. Que pensent-ils lorsqu’ils entendent que les patrons du CAC 40 ont vu leur salaire augmenter de 40%…250 fois le SMIG français…presque 1000 fois le SMIG grec ! Nous continuons à sourire à des hommes politiques qui devraient être derrière les barreaux. La colère les fera détruire l’Acropole mais chaque pierre viendra-t-elle fracasser notre indifférence ? Nous avons abandonné l’Afrique aux politicards, ceux dont les épouses ne connaissent que les billets de 500 euros (n’oubliez pas… 500 euros, le SMIG grec !) qu’elles distribuent dans nos magasins de luxe alors que, toutes les dix minutes, dans leur pays, un enfant meurt de faim ou de maladie. Athènes brûle et j’entends la voix de Mélina Mercouri et j’ai envie de rejoindre les siens. Quel professeur dans nos lycées chics va oser parler d’Homère, de Socrate, de Thucydide ? Des Grecs qui auraient aimé être des Européens…c’est maintenant que nous devons relire leurs textes, avant que ce pays que nous aimons, ne soit totalement recouvert de poussière. Je ne suis pas allée en Grèce depuis bien longtemps mais j’écoute Zorba en boucle, j’ai envie de boire du Retsina, d’arroser mon pain avec de l’huile de l’olive, de relire quelques pages d’Hérodote, d’aller près de ce peuple qui brûle ce qu’il aime. Ces Grecs qu’on trompe encore n’ont même plus la force de crier leur désespoir. Allons-nous attendre que les Espagnols brûlent le Prado, que les Italiens brûlent l’Eglise Saint-Pierre…Et nous, que brûlerons-nous quand nos retraites seront versées un mois sur deux, quand nos loyers, nos impôts, le litre d’essence, le kilo de pommes…seront multipliés par 2, par 3 et pourquoi pas par 4 ? Apprenons à être solidaires. Privons-nous chaque jour d’un café, d’un journal, de quelques cigarettes, de quelques litres de carburant…Donnons ce que nous pouvons mais gardons le contrôle de nos dons. Attention… « Tous pour un » aujourd’hui. Imaginons combien demain sera difficile. Soyons des Européens dignes et fiers. Apprenons à partager notre manteau et à prouver à Saint-François qu’il est toujours d’actualité…
« Je ne suis ni Athénien, ni Grec, mais un citoyen du monde. » Socrate a raison. Je pense qu’aujourd’hui nous sommes tous grecs et citoyens du monde. Nous devons le faire savoir…ne serait-ce que pour leur permettre de tenir le coup. |
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