« Passé sous silence » Alice Ferney Actes Sud – 208p.
22 Août 1962. Ce sont les vacances. J’ai réussi tous les examens de ma 3ème année d’Alfort et je remplace un vétérinaire parisien dans le 15ème arrondissement. J’apprends qu’un attentat OAS contre de Gaulle vient d’échouer. Après une enquête policière bien conduite, on arrête un militaire sans histoire, un certain Bastien-Thiry. On le juge. Il est condamné à mort et exécuté et une grande partie de la population se réjouit. Aujourd’hui l’Algérie est indépendante, les quelques survivants de l’OAS sont probablement gâteux et tous les autres cherchent à oublier. J’avais tout juste 26 ans et je me battais, encore, pour le droit à la liberté. Pourtant en 1972, j’ai été invitée à la messe donnée à la mémoire de Bastien-Thiry, dans une église parisienne dont j’ai oublié le nom. Jour après jour, j’ai tenté de tout détruire dans ma mémoire et aujourd’hui, le livre d’Alice Ferney résonne tel le bruit des balles. Chaque page nous oblige –nous, ceux qui ont participé activement à tous les mouvements de l’époque – à reconstituer nos motivations, nos itinéraires, notre refus de parler de notre longue, trop longue, traversée du désert. Votre livre, chère Alice Ferney, n’est pas une fiction. Vous n’avez rien inventé et à ceux qui vous reprocherons de n’avoir connu, ni de Gaulle, ni Bastien-Thiry, dîtes-leur qu’il reste encore quelques survivants.
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