Mes amis ne m’offrent jamais de livres car ils savent que j’en ai des dizaines
en attente d’être lus. Pourtant, mon amie Hélène de Bourges, qui ne connait pas
encore mon appartement, n’a pas hésité à m’envoyer le livre de Tatiana de Rosnay.
Chaque page est un moment d’émotion, de douleur car cette histoire est un peu
la mienne. Sarah a onze ans au moment de la rafle du Vel d’Hiv. J’allais en avoir
six, mais ma mère avait su me mettre à l’abri dans une ferme de la Nièvre. Elle
était sans nouvelle de mon père enfermé à Drancy depuis aoüt 1941. On a su qu’il
en était parti en juin 1942 pour Auschwitz…il fallait faire de la place pour ceux
du 16 juillet! Devant les fours ont-ils pu parler de leurs enfants? Etaient-ils encore
capables de parler?
Oui, ce roman est magnifique. Il n’apporte rien au souvenir de la Shoah mais il est
courageux et personne ne peut rester insensible à l’histoire de Sarah. On y retrouve
l’indifférence de certains Français et on est bouleversé par le courage des autres.
Sans les paysans de Préporché – ce petit village de la Nièvre où j’ai vécu plus de
trois ans – nous aurions rejoint mon père et les parents de Sarah. Il y en a encore
qui osent affirmer que les fours crématoires ne sont que des détails…obligez-les à
lire ce livre qui est un cri pour la Vérité.
« Ils sont morts pendant le terrible été 1942… » les parents de Sarah, mon père,
Irène Némirovski et tant d’autres…
Lundi 16 Avril : à la tombée de la nuit, devant le Mur des Noms, s’achève la journée
de l’ Holocauste. Le souvenir de mon père a été associé a celui des parents de Sarah.
Merci, Hélène, mon amie de Bourges, de m’avoir offert ce grand moment d’émotion.
Tatiana de Rosnay « Elle s’appelait Sarah »
2 commentaires
Je suis très touchée par votre histoire. Très émue.
Merci à vous.
Tatiana de R
Ton article m’emmene 12 ans en arriere… je peux revivre les moments que je passais chez maman et elle me racontait tout cela… sa vie… ta vie… votre vie!
Bisous.
Béatrice.