La télévision est incontestablement la nourriture spirituelle des plus très jeunes. Il y a, dans les programmes, du bon et du mauvais, mais il y en a pour tous les goûts et à toutes les heures. Je crois même que Numéricâble ou Orange se battent pour que nous puissions regarder au moins 200 chaines ! C’est le siècle des télécommandes et de la corne au bout des doigts. La chaine Arte nous informe, en nous laissant libre de notre jugement, de presque tout ce qui se passe dans le monde. Ainsi, il y a quelques jours, j’ai pu regarder un film tourné au Rajasthan, une province de l’Inde…presque à portée de main… Là, les bébés de sexe féminin sont assassinés avant même d’avoir pu pousser leur premier cri. Oui, vous avez bien entendu, et, je n’imagine pas un seul instant que David Mutaner soit un menteur. Saroj et Shampa, une mère et sa fille sauvée par miracle, se sont installées tout près de moi et j’ai honte de mon silence. Je sais que des hommes et des femmes combattent ces assassinats mais comment trouver la force de les rejoindre ? La petite fille est soigneusement nettoyée, enveloppée d’un linge et au plus vite enfouie dans le sable, à quelques mètres de la maison, en présence de tous les membres de la famille. On la retrouve le lendemain, morte, étouffée par le sable. Elle n’aura pas même eu le temps de pousser son premier cri. Ainsi, au Nord de ce pays, dont la réputation technologique n’est plus à faire, pour équilibrer au mieux la population, on tue toujours les nouveaux nés de sexe féminin. L’Inde continue à se complaire dans la morale victorienne. Elle chasse ses homosexuels, autorise la violence contre les femmes, laisse mourir ses veuves… Seuls les mots peuvent m’aider à dominer ma honte d’appartenir à ce monde méprisable. Je sais, que là-bas des femmes se battent dans la rue, dans les écoles, dans les usines et les bureaux…Elles écrivent, parlent, transmettent des messages au monde entier. A nous de les écouter et de les aider. Je ne suis jamais allée en Inde. J’ai comme l’impression que toutes ces petites filles, toutes ces femmes violées, toutes ces veuves bafouées ont besoin de moi. Si vous me lisez, prenez contact avec Arte, demandez que soit rediffusée cette enquête. Le Rajasthan est là, à quelques heures de vol. C’est peut-être même une destination touristique. Je ne sais pas combien de bébés sont ainsi étouffés. Mais, ce dont je suis certaine, c’est que j’ai honte et que je ne peux plus faire confiance à mes forces spirituelles. Là, nous venons de passer un court moment ensemble…une âme, là-bas, se prépare à partir. |
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