Roland, ce matin, au Funérarium du Père-Lachaise, nous étions tous tellement tristes. Chacun pleurait son maître, son ami et Jacqueline, votre merveilleuse épouse, ne cherchait qu’à nous consoler. Jean Rotman a dit ce qu’il fallait dire, que nous devions être fiers d’avoir pu vous écouter et transformer vos paroles en autant de bonheur professionnel. Car vous nous avez tout donné même l’orgueil de comprendre nos malades mieux que tous les autres.
J’avais 20 ans, quand je vous ai rencontré.
Nous avons parlé de la guerre, de mon grand-père fusillé en décembre 1941, de ma passion pour les grands philosophes et pour l’histoire moderne. Quelques semaines plus tard quand je vous ai dit que j’allais préparer Alfort. Vous avez applaudi : « Ne traînez-pas nous avons besoin que les animaux nous aident ».
A mon retour de Saint-Flour, j’ai pris l’habitude de fréquenter votre appartement du 18ème et tandis que je vous racontais mes traitements homéopathiques pour les mammites bovines, les coliques des chevaux, les pneumonies des porcs, les entérites des volailles…nous vidions une boîte de chocolats…
Ce matin, alors que je n’arrivais pas à retenir mes larmes, je vous ai entendu rire Roland car vous m’annonciez l’ouverture du Salon du Chocolat.
Oui, comme vous aimiez rire Roland. Quand je vous racontais les meilleures histoires de Pierre Dac, seule l’autorité de Simone, nous faisait taire.
Vous souvenez-vous de notre vraie dernière rencontre ? Je vous ai dit que je voulais écrire un livre sur les Homéopathes du 20ème siècle et que j’avais besoin de vous « interviewer ».
« Je vous passe mon attachée de presse…c’est elle qui gère mes rendez-vous et prépare les goûters ».
Jamais je n’oublierai ces deux heures que nous avons passé ensemble…notre jeunesse, nos convictions et notre engagement pour l’Homéopathie. Je sais combien vous avez été heureux en lisant ce que j’avais écrit.
Je sais aussi que, juste avant votre départ, Michèle Bivert vous a lu une dernière fois ces quelques pages.
Ainsi, cher Roland, nous sommes toujours ensemble et notre amitié ne souffrira pas de votre départ.
Seule j’entre dans l’exil
oublier le temps et revenir
le vent chasse les feuilles
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Toujours un plaisir de vous lire Madame Jacqueline Peker !